Parlons un peu de Fantastique

Quand il s’agit de poser les bases de ce qu’est le fantastique, tout commence dans une salle de cours de français. Votre professeur, un livre de Guy de Maupassant ou de Prosper Mérimée dans les mains, vous explique que ce qui définit le genre fantastique, c’est ceci : un élément surnaturel qui bouleverse un récit autrement réaliste, et qui sème le doute dans l’esprit du protagoniste et du lecteur. Est-ce réel ? Y a-t-il une explication logique qui nous échappe ? 

Le doute, l’incertitude, et aucune réponse claire et décisive à la fin de l’histoire — voilà le fantastique classique, celui qui a fleuri tout au long du XIXème siècle, avec pour influence des auteurs tels que Ernst Hoffmann, Théophile Gauthier ou encore Edgar Allan Poe. Sans cet élément crucial, pas de fantastique. Si l’élément surnaturel est assumé, accepté, expliqué même, alors nous sommes déjà les deux pieds en avant dans le merveilleux, ou peut-être même dans la science-fiction…

Votre professeur ne laisse pas de place, pour sa part, à l'ambiguïté. La définition est posée, claire et stricte. Mais pour vous, il est temps de regarder un moment par la fenêtre et de voir ce qui se passe à l’extérieur…

Si le fantastique classique se confond facilement avec l’horreur, sa version plus moderne, intrinsèquement liée à la culture anglo-saxonne, se mélange sans cesse avec la fantasy, dont il devient un sous-genre. Ainsi quand nous parlons aujourd’hui de low fantasy ou d’urban fantasy, nous réinventons en fait un fantastique plus vaste où le doute s’efface, mais le clivage de départ, un élément surnaturel dans un monde ordinaire, est joyeusement exploré, embrassé et étendu. 

 

Bev Johnson - Harry Potter and the Philosopher’s Stone

Monsieur et Madame Dursley, qui vivaient au 4 Privet Drive, auraient sans doute fortement apprécié que la magie n’existe pas — et pourtant, il y a un jeune sorcier sous leur toit, qui découvre avec enchantement ce monde magique qui se fond parfaitement dans le Londres réel, de ses pubs à ses gares, en passant par ses dangereux bus… 

Qu’il s’agisse d’une grande aventure, d’un simple petit grain de magie, d’une plongée dans un tout autre univers qui coexiste avec le nôtre depuis toujours en secret, ou simplement d’instants, de pouvoirs ou d’êtres inexplicables ; que le protagoniste soit complètement ordinaire, ou au contraire baigne dans le surnaturel depuis sa naissance ; que tout soit expliqué, ou que l’on se demande encore à la fin si tout était réel… Le fantastique permet de bousculer à la fois les codes de la société et ceux du protagoniste.

Pour des Percy Jackson et Tara Duncan, l’aventure en vaut la chandelle, mais il ne faut pas oublier les livres qui explorent à quel point le surnaturel peut nuir, comme pour les protagonistes d’Animorphs, dont les nouveaux pouvoirs ne sont qu’un faible (et nécessaire) avantage pour faire face à une guerre qui semble jouée d’avance.

 

Alexa Bosy - block after block, Animorphs

Pour les Titanides, le fantastique doit interroger et explorer les rêves et les peurs de nos sociétés, celles du présent comme celles du passé. En effet, il donne vie à dieux, démons et autres créatures extraordinaires, il insuffle des capacités incroyables à des êtres humains, il matérialise l’irréel et demande au lecteur : et maintenant ? Que devient la nature humaine lorsque l’on transforme tout ce qui est familier et quotidien et qu’on plonge notre propre monde dans l’inconnu ? 

Lui reste enfin un dernier pouvoir. Le plus simple, le plus enfantin peut-être, mais le plus puissant : Le frisson qui nous traverse à la fin de l’histoire, celui qui sommeille en chacun de nous lorsque nous sortons un peu de nos sentiers battus. Cet instinct qui nous fait se demander, l’espace d’un instant — et si le surnaturel n’était qu’à un pas de là où je suis ? Et si l’inexplicable était à portée de mes yeux et de mes mains ? 

Le cours de français n’était donc qu’une première étape : celle qui a permis de saupoudrer la réalité d’un éclat d'extraordinaire et d’impossible. Mais désormais, nous ne voulons plus nous arrêter au doute. Avec le fantastique, pas question de fuir la réalité : simplement d’en élargir la définition en regardant d’un peu plus près tout ce qui n’est pas visible et qui, pourtant, pourrait bel et bien exister si on veut bien y croire… 

 

Atey Ghailan - Le Voyage de Chihiro


Les recommandations des Titanides :

Le bal des sorcières, Mireille Calmel

Le miroir de Cassandre, Bernard Werber

A comme Association, Pierre Bottero & Erik L’Homme

American Gods, Neil Gaiman

Phaenomen, Erik L’Homme

De bons présages, Terry Pratchett et Neil Gaiman

L’homme qui savait la langue des serpents, Andrus Kivirähk

La saga Animorphs, K.A. Applegate

Assassin’s Creed Renaissance, Oliver Bowden


Bibliographie :

https://education.toutcomment.com/article/qu-est-ce-que-le-fantastique-en-litterature-12342.html

https://www.superprof.fr/ressources/langues/francais/college-fr2/4eme-fr2/style-litteraire-fantasy.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fantastique

https://litterature.savoir.fr/la-litterature-fantastique/

https://conceptartworld.com/

Harry Potter, J.K. Rowling

Percy Jackson, Rick Riordan

Tara Duncan, Sophie Audouin-Mamikonian

La saga Animorphs, K.A. Applegate


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