Parlons conseils d’écriture

Ms-berry - ErHa, 2020


« Il faut avec les mots de tout le monde écrire comme personne. » Colette.

Comment construit-on une bonne histoire ? Comment apprend-on à écrire un roman, un poème, une nouvelle, ou ne serait-ce qu’un personnage ? Faut-il lire des livres spécialisés sur le sujet ? Faut-il lire des livres tout court ? Faut-il écouter les sages conseils de ses aînés, les grands noms classiques, ou au moins ceux qui ont déjà été publiés ? Faut-il vraiment se perdre dans la théorie, quand seule l’expérience, l’action même d’écrire, vous mène au but final ? Est-ce seulement un art qui s’apprend ou est-ce un talent inné ? Tout le monde peut-il écrire, s’il en a l’envie, ou fallait-il avoir des bonnes notes en dictées et rédactions en CM2 pour espérer un jour vendre des livres par millions ?

Lorsque l’on s’assoit pour la première fois dans le but d’écrire, une idée d’intrigue, peut-être un bout de phrase, ou bien l’ébauche d’un personnage principal en tête, la plupart de ces questions peuvent venir interférer avec l’exercice. Quand il s’agit d’écrire, après tout, beaucoup ont leurs opinions — parfois très tranchées — et il est facile de se laisser aller d’un avis à un autre en prenant le risque de ne jamais trop savoir où se placer. Il est tout aussi facile, bien sûr, d’oublier à peu près tout le monde et de poser sur le papier ce qui nous plaît, en ignorant gaiement conseils et critiques — au risque, cette fois-ci, de se heurter à un mur assez violent lorsque l’on décide de montrer son oeuvre au grand jour dans une perspective plus professionnelle. 

 

John Su - Cross-Over Rozen Maiden & Death Note, 2011

 

Chez les Titanides, nous pensons qu’avant tout pour écrire il faut être curieux. Curieux des mots et de la langue, curieux du monde qui nous entoure, curieux des façons d’être des autres écrivains, de leurs routines, de leurs pensées, de leur style ; curieux des thèmes et des intrigues qui font une oeuvre, curieux des structures qui existent et avec lesquelles on peut jouer, ou bien, pourquoi pas, parce qu’il faut bien essayer parfois, briser complètement. Et puis si l’on se découvre un rêve ou un message à faire passer au reste du monde, alors il faut tourner cette curiosité vers soi : comment écrivez-vous ? Comment voulez-vous raconter votre histoire ? Qu’est-ce qui vous inspire ? Vous met à l’aise ? Vous met en difficulté ? Vous apparaît comme essentiel, ou, au contraire, insupportable ?

Il n’y a pas une seule formule magique qui fonctionne pour écrire. C’est à la fois le problème (bien plus difficile que les maths— si, si vraiment) et une chance assez grandiose (Quelle liberté !). S’il semble important de connaître toutes ces règles que l’on voie circuler dans des livres, mais aussi aujourd’hui beaucoup sur le net, c’est en partie pour comprendre qu’elles sont moins des demandes strictes que des ingrédients à garder sur ses étagères pour telle ou telle scène, tout en sachant qu’elles n’ont pas besoin d’être suivies toutes ensembles, tout le temps, à chaque paragraphe. Ce qui différencie l’auteur qui débute à l’auteur plus expérimenté n’est pas nécessairement le nombre d’adverbes utilisé par phrase, mais plutôt l’intention derrière leurs utilisations : un adverbe bien placé pourra toujours apporter beaucoup au texte, à condition de ne pas être noyé au milieu de compères moins utiles qui rendent la lecture plus lourde.

 

Utsushita, 2014

 

En somme, le conseil d’écriture est un outil. Et avec toutes nos excuses pour la métaphore facile, on ne peut s’attendre à du travail de qualité d’un mécanicien sans clef ou d’un peintre sans pinceau : on exerce difficilement son métier si l’on ne possède pas ce dont on a besoin pour bien le faire. De même, il est important d’apprendre à les manier. Et c’est là où l’écrivain en herbe peut s’amuser, ou se lancer ses propres challenges ou, s’il a choisi de suivre ce conseil qui suggère de réécrire dans son entièreté une scène ou une histoire une fois le premier jet fini plutôt que d’éditer ce dernier, s’arracher les cheveux et se maudire. L’écrivain torturé n’est plus tout à fait à la mode, sans doute, mais ça ne veut pas dire qu’il n’existe pas en chacun de nous certains jours.

Enfin, au-delà du conseil qui vise à perfectionner votre histoire, il y aussi bien sûr tous les petits rituels qui entourent l’action d’écrire — action à laquelle on ne peut tragiquement pas échapper si l’on souhaite sortir une histoire de sa tête pour la voir apparaître sur papier. Pour cela bien sûr, il y a aussi des modèles, des propositions, des conseils à suivre. Écrire tous les jours un certain nombre de mots ; écrire tous les jours un certain nombre d’heures ; écrire au petit matin, ou les soirs de pleine lune, écrire dans les trains, sur une serviette au restaurant, sur son téléphone, etc. Encore plus que le reste, ces rituels appartiennent à l’auteur, et seulement à l’auteur. Il n’y a pas de mauvaises façons d’écrire, tant qu’elle convient à celui qui le fait. Le plus important, en définitive, c’est de trouver la petite niche de temps qui peut être consacrée à votre histoire et à vos mots. Et d’ailleurs, si celle-ci change selon vos humeurs, si l’écriture pour vous est flexible et mouvante, qui serions-nous pour vous juger ?

Préparer votre soupe comme vous l’entendez. Mais, si vous songez à la faire boire à d’autres gens sur le long terme, n’oubliez pas de perfectionner votre recette pour offrir à vos invités le meilleur repas possible. 

 

Hitaki - Dynasty Warriors, 2013


Pour terminer en beauté, voici trois de nos conseils préférés, sans ordre particulier : 

  • Show, don’t tell (Montre, ne dis pas) : Très souvent donné pour les histoires racontées au cinéma, à la télévision ou tout autre support visuel, “show don’t tell” est aussi très utile dans un roman, et cela à la fois pour les émotions d’un personnage ou la construction de votre monde. À la place d’un simple « Hervé est furieux », essayez plutôt d’induire sa colère par sa gestuelle, par exemple : « Hervé frappa du poing avec violence, la lèvre frémissante et les sourcils froncés. » Ou bien, plutôt qu’un dialogue d’exposition sur les différends entre les nains et les elfes depuis des siècles, pourquoi ne pas offrir une scène d’exposition où elfes et nains ne peuvent être dans une même pièce sans que l’atmosphère ne se refroidisse, voire même ne se termine en bagarre ?

    • Le problème est toujours plus haut : Parfois, une scène ne fonctionne pas ; soudainement, on ne sait plus trop où on allait, on se retrouve coincé. Très souvent, on regarde les deux dernières phrases écrites en se demandant comment les changer. « Le problème est toujours plus haut » vous invite à regarder au paragraphe précédent — parfois à la page d’avant. Les actions qui ont mené jusqu’à ce point mort auquel ni vous ni vos personnages n’arrivent à s’échapper… Et de voir comment cette partie-là peut être changée, améliorée, ou supprimée, pour repartir sur de nouvelles bases.
    •  Tout écrit est utile : un conseil indémodable qu’il est toutefois bon de garder près de soi, surtout dans les périodes d’écriture plus difficiles. Car, oui, peut-être que ce que vous écrivez ne sera jamais publié, peut-être que cette scène ne finira pas dans le roman final, peut-être que ce super dialogue ne fonctionne pas en prenant en compte les caractères de vos personnages. Néanmoins, vous avez écrit, et tout écrit apporte quelque chose. Pour rejoindre le reste de cet article, tout écrit est expérience, et vous permet d’apprendre quelque chose : sur votre style, sur vos goûts, sur votre histoire, etc. Il ne faut donc pas se sentir découragé lorsque vous n’aimez pas ce que vous venez de produire ! Mais plutôt, si vous le désirez, chercher ce qui vous dérange, ce qui ne va pas, et vous demander comment faire différemment la prochaine fois pour être plus satisfait. 

     

    Noja - Le voyage de Chihiro, 2011



    Les recommandations des Titanides :

    Le héro aux mille et un visages - Joseph Campbell

    Comme par magie - Elizabeth Gilbert

    Procrastination - Elbakin.net (Podcast)

    Structure du langage poétique - J. Cohen

    Introduction à la stylistique - Brigitte Buffard-Moret

    Le plaisir du texte - Roland Barthes

    Lector in fabula, Le rôle du lecteur - Umberto Eco

    La ponctuation - Nina Catach

    Les testaments trahis - Milan Kundera

    Conduire sa barque - Ursula K. Le Guin


    Bibliographie :

    https://lesmots.co/publications/30-citations-inspirantes-pour-ecrire 

    http://www.tellyon.fr/6-conseils-decriture-des-auteurs-de-limaginaire/ 

    https://www.osez-ecrire-votre-roman.com/35-conseils-ecrivains-mieux-ecrire/ 

    https://notesenmarge.blog/tag/routines-decrivains/

    https://mikaelecanvil.com/12-routines-artistes/  

    https://www.youtube.com/c/ChristelleLebaillyAuteur 

    http://www.editions-humanis.com/conseils-ecriture.php 




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    1 commentaire

    • Merci pour ces conseils ! j’ai beaucoup écrit mais je n’ai rien finit … mais je suis d’accord, les mots sur du papier ou sur un écran restent une partie de notre vie et s’ils sont partagés avec d’autres, tant mieux ! si non ce n’est pas grave :)

      Corinne

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