Les recommandations des Titanides n°1 - Défaillances systèmes de Martha Wells

Titre : Défaillances systèmes

Série : Journal d’un AssaSynth

Autrice : Martha Wells

Éditeur : Éditions l’Atalante

Traductrice : Mathilde Montier

Illustrateur : Pierre Bourgerie

Résumé éditeur : « J’aurais pu faire un carnage dès l’instant où j’ai piraté mon module superviseur ; en tout cas, si je n’avais pas découvert un accès au bouquet de chaînes de divertissement relayées par les satellites de la compagnie. 35 000 heures plus tard, aucun meurtre à signaler, mais, à vue de nez, un peu moins de 35 000 heures de films, de séries, de lectures, de jeux et de musique consommés. Comme impitoyable machine à tuer, on peut difficilement faire pire. »

Et quand notre androïde de sécurité met au jour un complot visant à éliminer les clients qu’il est censé protéger, il ne recule ni devant le sabotage ni devant l’assassinat ; il s’interpose même face au danger, quitte à y laisser des morceaux.

 

Rostyslav Zagornov - Do androids dream of electric sheep, 2018


Avec Défaillances systèmes, Martha Wells nous offre une des plus brillantes versions de ce que pourrait être un androïde dans un monde à la crédibilité affriolante.


Loin des clichés habituels, où le personnage cybernétique est froid et dénué d’émotions. Puis est attendri au fil de l’histoire par des humains adorables. Et finit par révéler un gros cœur, derrière un caractère bougon. Ou encore celui qui veut absolument devenir humain, ressentir des émotions, voire devenir parent d’un enfant qu’iel aurait mis au monde. Ou encore celui animé d’une haine farouche ou juste génocidaire envers la race humaine.


Ici, notre AssaSynth est un androïde calme, et plutôt solitaire, avec une pointe de sarcasme envers lui et ce qui l’entoure qui ne peut que faire sourire le lecteur. Il préfère éviter la compagnie des humains et d’avoir à leur parler en les regardant dans les yeux. Il aime le travail bien fait. Et par-dessus tout pouvoir regarder des séries télévisées.


À ce jour, seul Libration, le deuxième tome des Voyageurs de Becky Chambers, a fait aussi bien avec son I.A. transférée dans un corps synthétique qui ne peut supporter ses limitations. Point qu’elle partage avec notre AssaSynth, qui utilise notamment des drones pour surveiller ses protégés, et observer les réactions de ses interlocuteurs. Un changement rafraîchissant après des années de personnages synthétiques anthropomorphiques, à la limite du pur narcissisme.


Mais les autres personnages ne sont pas en reste. Le doux Ratthi qui semble comprendre les réticences sociales de notre AssaSynth mieux que personne. L’excentrique Pin-Lee qui à la fois l’exaspère et dont il a le plus confiance en ses jugements. Gurathin, l’humain augmenté, qui pourrait se rapprocher le plus de notre synthétique de par ses modifications et son caractère pessimiste et réservé, mais avec qui il peine le plus à s’entendre. 

Et bien évidemment, Ayda Mensah. On aime le docteur Mensah qui fait « fondre les organes internes » de notre AssaSynth. Le docteur Mensah calme et réfléchie, parfaite leadeuse de ce petit groupe.


En plus de ses personnages attachants, Martha Wells nous offre un récit brillant de précisions et de crédibilité dans ce monde de science-fiction. À travers ses lois, ses corporations, ses technologies, ses habitudes de vie de ses habitants, et bien d’autres.

Avec une pointe d’un humour bien maîtrisé et caustique, ce qui est plutôt rare, à l’image d’un Disque-Monde de Terry Pratchett.


Pour conclure, Défaillances systèmes de Martha Wells est un premier tome maîtrisé et original, particulièrement addictif, et qui ne donne qu’une envie, se jeter sur la suite.


Adèle Ferré Carsalade


Dominique Buttiens - Composition and Light Study, 2018


Avec ce premier tome, l’auteure nous livre une histoire courte mais extrêmement efficace, pleine d’humour et de sentiments qui laissent difficilement indifférent. Directement plongés dans les pensées d’AssaSynth, un androïde qui s’est émancipé tout seul et qui, jusqu’à-là, a utilisé sa liberté toute fraîche pour ignorer ce qui l’ennuie et regarder beaucoup de séries télévisées, nous suivons un groupe de scientifiques venu explorer une planète encore peu cartographiée. Le roman nous entraîne immédiatement dans l’action, et ne la quitte guère jusqu’à la fin, sans pour autant sacrifier les émotions de ses personnages, surtout d’AssaSynth.


C’est d’ailleurs un vrai bonheur que de pouvoir suivre le fil des pensées de cet androïde peu ordinaire : apprendre à le connaître à travers ses goûts, soigneusement cachés pour ne pas éveiller les soupçons des gens avec qui iel travaille, le voir interagir (et surtout essayer de ne pas trop interagir) avec les humains autour d’iel, le sentir gêné, le sentir ennuyé puis de plus en plus investi, c’est s’attacher à iel un peu plus à chaque page, de la même façon que le font ses clients. On a ici un protagoniste qui bouleverse réellement les idées reçues de ce que ça pourrait vouloir dire, être un être fait de machinerie et de cellules biologiques et c’est en grande partie ce qui fait la force de ce livre. 


Mais ce n’est pas le seul : les humains de cette aventure sont tout aussi charmants que notre androïde, et on ne va pas se mentir, donne un regain de foi envers l’humanité de façon générale. Bien que se retrouvant au milieu d’évènements qui dépassent largement ce à quoi ils s’attendaient, cette petite famille de cœur se soutient sans fléchir, sans laisser sur le côté AssaSynth. Parmi eux c’est le docteur Mensah qui se démarque le plus, et on ne peut qu’admirer ses talents de cheffe de mission. 


Au-delà de ses personnages, ce premier tome tient parfaitement en haleine par son intrigue, et offre l’aperçu d’un futur complexe et fascinant à explorer. En somme, tout est équilibré, frais, intéressant et drôle, et l’on a envie de dévorer le second livre dès la fin du premier. 


Élodie Lyonnet


Ismail Inceoglu - Been there, done that, 2019


« “Cette unité était déjà subversive. Elle a hacké son module superviseur.” Sur les chaînes de divertissement, on appelait ça un rebondissement de type “oh, bordel” ».


Et finalement, quoi de plus crédible qu’un robot émancipé qui, pour passer le temps, regarde continuellement des séries en tout genre ? Un isolement confortable, des heures de films et de séries téléchargées, un contact évité dès que possible avec les humains, des maladresses à exprimer ses ressentis… Non, nous ne parlons pas de vous adolescents, mais bien de notre AssaSynth dans le roman Défaillances systèmes. C’est du moins la vision originale et authentique que nous offre Martha Wells de ce que pourrait être une créature synthétique qui aurait choisi la voie de l’indépendance.


L’autrice sape la mythologie d’un robot à la coquille vide, juste capable de répondre à des ordres et n’éprouvant aucune émotion. Si, tout au long de l’ouvrage, notre protagoniste synthétique se défie de ressentir quoi que ce soit, il est aisé pour le lecteur d’identifier toutes ces mécaniques terriblement humaines qui la transcendent. Mimétisme inconscient suite à tous ces feuilletons visionnés ? Très probablement, et c’est par cet intéressant prodige que Martha Wells nous dépeint progressivement l’émancipation de cette unité hors norme qui ne s’observe pas devenir humain ; ou moins synthétique.


Ce qui accroche en premier lieu, c’est cette relation intime qui se noue avec cet androïde. Nous avons immédiatement accès à cette conscience qu’iel ose à peine admettre posséder, qu’iel juge contre-nature, ou plutôt, contre-programmée. Le flot de ses pensées nous embarque avec humour et parfois cynisme à être spectateur des émulsions humaines. Les autres membres de cette mission, les « clients » s’avèrent aussi touchant dans leur maladresse que dans leur volonté gauche d’offrir une place à l'AssaSynth qui ne rêve que de son caisson et de son isolement. Au travers de leur regard lointain et de leurs paroles égarées, on contemple là tout le caractère intriguant qui opère chez notre protagoniste.


« Néanmoins, le fait que cette unité, bien qu’en électron libre, continue à nous sauver la vie et à nous protéger nous donne d’autant plus de raisons de lui faire confiance. »


Une place pour ceux qui naissent programmés.

Une place pour ceux qui s’ignorent.

Une place pour les assoiffés de liberté.

En somme... en route vers le tome 2 !


Marion Rignault



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Dans la même série :

Tome 2 - Schémas artificiels

Tome 3 - Cheval de Troie

Tome 4 - Stratégie de sortie

Tome 5 - Effets de réseau

Tome 6 - Télémétrie fugitive


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