Les fées dans la littérature

Rockwitchseiya - Sugar plum fairy, 2018

 

« Les fées nous échappent. Elles sont radieuses et on ne peut les saisir, et, ce qu’on ne peut pas avoir, on l’aime éternellement. » Jules Renard

 

De l’incontournable Mélusine à Morgane la fée en passant par la tempétueuse fée Clochette, ce sont tout autant de noms qui rôdent dans notre imaginaire commun lorsque l’on parle de fées.

Mais d’où viennent-elles au juste et quand sont-elles apparues ? Depuis quel monde ont-elles volé jusqu’à nous ?

Pour entreprendre de répondre à ces questions, il faut d’abord regarder du côté de la définition qui est octroyée à la fée.

L’imaginaire commun impose généralement le visage d’une femme au lien très intime avec la nature et dotée de capacités magiques, le tout enrubanné dans de somptueuses ailes. Les dons qu’elles possèdent leur permettent d’influer sur la destinée d’une personne ou encore d’irradier de magie autour d’elles.

Ces pouvoirs leur sont attribués par leur nom même.

Du latin « fatum » qui signifie « destin », nous pouvons déjà discerner l’origine de ces créatures associées à la connaissance et à la maîtrise de l’avenir. Un motif qui les place dans une référence directe aux trois Moires de la mythologie grecque et qui leur offre leur première référence littéraire dans les œuvres de l’Iliade et de l’Odyssée d’Homère. Une déclinaison qui n’est pas sans rappeler non plus les trois Nornes de la culture nordique.

La fée est donc une créature possédant une emprise sur la destinée de ceux qu’elle désigne. Leur empreinte perdure au travers des légendes et du folklore celtique, jusqu’à ce que les auteurs médiévaux d’Occident les inscrivent dans des récits littéraires.

John William Waterhouse - Hylas et les Nymphes, 1896

Tantôt guérisseuses, tantôt farceuses… Mêlées au destin des mortels ou encore à l’écart du monde dans les paysages sylvestres… Les fées prennent de très nombreux visages. Mais ce sont les romans de chevalerie qui vont faire éclore les personnalités les plus emblématiques de l’univers des fées.

Au XIIème siècle, la littérature courtoise s’érige comme un modèle pour présenter une morale et un enseignement à celui qui lira. Les fées deviennent donc des amantes, créatures mystiques qui se doivent de conserver leur secret sur leur nature et qu’il ne faut point contrarier sous peine de rompre un pacte nuptial. De ces premiers écrits naît la figure iconique de la fée Mélusine et de ce thème récurrent qu’elle impose : celui de se garder de rompre sa parole donnée à une fée sous peine de la voir disparaître à jamais.

À la même époque, les romans du Moyen-Âge insufflent cette incarnation de la fée amante et les créatures mystiques se démultiplient, apparaissant même dans le légendaire cycle arthurien. La fée Morgane y fait ses premières apparitions, s’opposant au personnage de Mélusine qui incarne l’épouse légitime. Son antithèse personnifiée de la femme libérée et indépendante. Le motif féerique se transforme peu à peu pour devenir maléfique, voire démoniaque. Les fées deviennent maîtresses du destin. Provocatrices de la mort et du déclin. En opposition parfaite avec les anciennes fées guérisseuses et bonnes, comme la fée Viviane.

SMITE (Hi-Rez Studios) - Morgane le Fay

Plusieurs siècles plus tard, ce sont les contes de fées qui ramènent la fée au cœur de la littérature de l’imaginaire, et ce, par des femmes elles-mêmes ! Dans les confins des salons des dames, ce sont Mme d’Aulnoy, Mme de Lafayette ou encore la Marquise de Sévigné qui s’octroient les pouvoirs des fées : celle d’une figure féminine qui influe sur la destinée. Un véritable chant d’émancipation ! Au travers de leurs récits, la figure de la fée incarnait la maîtrise du destin, mais pas uniquement celui des Hommes, mais leur propre destinée. Tout ce que ces intellectuelles du XVIIème siècle rêvaient de devenir : indépendantes et libres. Aussi Mme d’Aulnoy fut-elle l’une des écrivains de Contes de fées ou Les Fées à la mode, et c’est à elle que l’on doit ces contes passant de l’oralité à l’écriture. Hélas, l’histoire retiendra principalement le nom de Charles Perrault à qui nous devons la réécriture d’un célèbre conte avec une sombre histoire de méchante fée, de marraines, de princesse et de quenouille.

À partir de cette époque, l’ambivalence se maintient entre une fée douce et protectrice (souvent à l’origine de la marraine fée) et une fée plus malicieuse, impulsive, objet de désir ou mauvaise.

Mais aujourd’hui, qu’est-il de ces créatures d’un autre monde ?

La fée ne s’est jamais tenue bien loin de nous. Le cinéaste Walt Disney n’aura point manqué d’y faire de très nombreuses références en s’inspirant des contes de fées revisités quelques siècles plus tôt. La fée Clochette en restera l’image la plus marquante dont il se servira d'icône.

À présent, elle égraine sa présence dans de nombreuses œuvres fantastiques actuelles, comme dans Le Paris des Merveilles de Pierre Pevel où les fées côtoient les hommes, provenant d’un autre monde. Les fées n’ont jamais cessé d’apparaître parmi nous, de chuchoter à nos oreilles ou de nous guider. Des figures ambivalentes dont la complexité fascine et que nous espérons retrouver au cœur de nos œuvres.

pamk0art - Tinkerbell and Periwinkle

 

Les recommandations des Titanides :

Le chant des sorcières - Mireille Calmel

Mécomptes de fées - Terry Pratchett

Artemis Fowl - Eoin Colfer

Alpha et Oméga, Tome 4 Entre chien et loup - Patricia Briggs

Le Songe d’une nuit d’été - William Shakespeare


Bibliographie :

https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9e

https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9e_dans_l%27art_et_la_litt%C3%A9rature

http://freakscorp.over-blog.com/pages/Litterature_Les_fees_a_travers_la_litterature_occidentale_-2582867.html

https://www.honorechampion.com/fr/5598-book-08647311-9782852031319.html#:~:text=L'Occident%20m%C3%A9di%C3%A9val%20a%20vu,mythique%2C%20celle%20de%20la%20f%C3%A9e.&text=Malgr%C3%A9%20sa%20double%20origine%20folklorique,f%C3%A9minit%C3%A9%20dans%20l'affectivit%C3%A9%20humaine

https://www.espacefrancais.com/les-fees/

https://bibulyon.hypotheses.org/10505


L’Odyssée, Homère

L’Iliade, Homère

La Belle aux Bois Dormant, Charles Perrault

Le Roman de Mélusine, Jean d’Arras

Le cycle arthurien de Chrétien de Troyes

Peter Pan, J. M. Barrie

Le Paris des Merveilles, Pierre Pevel


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