L’univers de Robin Hobb

par Adèle Ferré Carsalade 17 décembre 2021

Margaret Astrid Lindholm Ogden - Joel Saet / AFP, 18 mars 2018

« Chaque personne que je connais a un dragon à affronter, chaque jeune se lance dans une quête, qu’il s’agisse de son premier emploi, de ses études universitaires ou de quitter la maison de ses parents. Les récits conserveront leur originalité pour la simple raison que chaque écrivain est un être humain unique. » Robin Hobb

Alias Robin Hobb. Un nom court qui peut apparaître en gros sur la couverture.

Un jour, l’autrice a vu dans une librairie une étagère avec certains auteurs mis en avant. Barbara Hambly, Robert Heinlein et Franck Herbert.

L'alias Robin Hobb était né.

Un nom ni masculin, ni féminin. Ceci, pour que le lecteur rentre plus facilement dans l’histoire. Sans être influencé par le genre présenté sur la première de couverture. Et ce stratagème a parfaitement fonctionné. Un autre signe qui montre que même à notre époque, certaines mentalités n'ont pas évolué.

Robin Hobb. Un nom désormais synonyme d’une fantasy épique. Où le héros ou l'héroïne seront amenés à vivre de grandes aventures, dans des immenses royaumes emplis de magie et de dragons.

C’est aujourd’hui son alias le plus connu, sous lequel elle participe à des interviews, et sous ce nom que l’on rédige des articles sur elle.

Alias Megan Lindholm.

Un alias plus proche de son vrai nom, et sans ambiguïté féminin.

C’est sous ce pseudonyme que l’autrice a publié ses premières œuvres, des nouvelles pour des magazines pour enfants tels que le Humpty Dumpty et le Jack and Jill.

Aujourd’hui, les œuvres qu’elle publie sous le nom de Megan Lindholm sont bien plus intimistes. D’un genre différent, où l’autrice se permet d’aborder des sujets et des personnages plus outsiders.

Margaret Astrid Lindholm Ogden est Robin Hobb. Margaret Astrid Lindholm Ogden est Megan Lindholm.

Deux alias pour deux styles différents, deux voix différentes.

L’autrice l’a dit, elle ne souhaite pas publier sous son vrai nom. Et envisage même avec humour la création d’un troisième alias pour écrire sous d’autres genres.

Il est intéressant de souligner que jusqu’à il y a peu, beaucoup de ses lectrices et lecteurs fidèles ne savaient pas que Robin Hobb et Megan Lindholm étaient la même personne, et Robin Hobb, bien une femme.

John Howe - Fitz and the Fool, 2002

« Chaque jour n’est pas une “promenade à poney sous le soleil de mai”. Comme Tolkien l’a observé, les expériences agréables qu’un personnage a subies sont vite racontées et ne sont pas particulièrement intéressantes à lire. C’est lorsqu’un personnage rencontre des difficultés, des déceptions ou a des décisions à prendre qu’une histoire devient intéressante. » Robin Hobb

Si Robin Hobb est une autrice aussi reconnue et populaire, ce n’est pas seulement pour sa grande maîtrise de l’écriture. Pas seulement pour sa grande capacité à nous faire voyager dans des mondes extraordinaires. Pas seulement pour sa grande habileté à construire un récit.

Mais bien pour son extraordinaire faculté à nous faire suivre des personnages plus vivants que jamais. On suit le quotidien difficile de Vi dans les hautes montagnes, dans le froid et la neige. L’enfance ambiguë de Fitz, l’enfant-espion, dans les couloirs du château de Castlecerf. La rébellion de la jeune Althéa qui doit lutter contre des traditions machistes et désuètes. Le parcours atypique et spirituel de Jamère de l’académie militaire jusqu’aux forêts des Ocellions. L’errance du Magicien SDF dans les rues de Seattle.

On suit l’incroyable personnage du Fou, appelé aussi Ambre ou Bien-Aimé, homme et femme, enfant et grand-père. Sans doute l’un des personnages les plus emblématiques créé par Robin Hobb.

C’est une relation presque intime qui s’installe entre le lecteur et le personnage, que le récit soit écrit à la première ou la troisième personne. Une façon presque unique qu’a Robin Hobb de nous coller aux tripes de ses personnages. Et une des raisons qui fait de cette autrice, l’une des plus douées et populaires du genre de l’imaginaire.