L’univers de J.R.R. Tolkien

Alan Lee - Beren et Lúthien, 2017


« La magie n’opère que si l’on veut bien consentir à se laisser emporter par Elle. » John Ronald Reuel Tolkien 


Il n’est sûrement de magie plus puissante que celle de l’imagination ; cette imagination qui nous pousse à inventer des mondes, à créer des personnages, à tisser des histoires dont les liens s’allieront les uns aux autres pour former un univers complet et riche, palpitant et grandiose. Et cet enchantement peut provenir de n’importe où… d’un lieu, d’un souvenir, d’une idée qui jaillit des tréfonds de l’esprit pour éclore en quelque chose de bien plus grand que nous ; car, comme le disait J.R.R. Tolkien « Un seul rêve est plus puissant qu’un millier de réalités. » Alors qu’en est-il de l’œuvre de ce grand écrivain du XXème siècle, ponte de la littérature fantasy et Père de la Terre du Milieu ? De quelle petite brindille d’idée est-il parti pour ériger un monde si vaste et fourni ? Quelles inspirations pour nourrir cette merveilleuse mythologie Tolkiénienne ? Et qu’en est-il de ses œuvres à nos jours ? 


De ce célèbre auteur, nous connaissons principalement les œuvres Le Seigneur des Anneaux et Le Hobbit pour avoir été adaptées sur grand écran par Peter Jackson au cours des deux dernières décennies. Mais avant cela, Tolkien est avant tout un esprit prolixe, bouillonnant de créativité et d’intérêt pour les langues et les mythologies, plus particulièrement les mythologies anglo-saxonnes et nordiques dans lesquelles il puisera une grande inspiration et dont nous viennent les éléments les plus emblématiques. L’existence de l’anneau unique et celle de la célèbre épée brisée d’Elendil prennent leur source dans la Volsünga Saga, une légende nordique d’origine islandaise. Dans cette saga, nous y retrouvons une fameuse épée brisée qui aurait été reforgée par le héros nordique Siegfried. Grâce à une telle relique, le guerrier parviendra à récupérer le trésor des Nibelungen, farouchement gardé par le dragon Fáfnir, et dans lequel il trouvera un anneau maudit, capable de déchaîner chaos et destruction par son détenteur. Cela vous rappelle peut-être quelque chose ?

 

Jerry Vanderstelt - Aragorn, 2011


« Si un plus grand nombre d’entre nous préférait la nourriture, la gaieté et les chansons aux entassements d’or, le monde serait plus rempli de joie. » J.R.R. Tolkien 


Si le professeur de vieil anglais commence déjà à dessiner les premières esquisses de son univers au travers de poèmes et de contes, tout ceci prend une forme bien singulière avec l’écriture du Hobbit. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la publication de ce conte n’est due qu’à un bien heureux hasard et grâce à une jeune femme dont nous bénissons l’existence : Susan Dagnall. Elle lit le manuscrit – n’ayant alors nulle autre prétention que d’être un conte pour ses enfants – de son professeur, J.R.R. Tolkien, et décèle un véritable potentiel, l’enjoignant à proposer l’écrit à une maison d’édition. Ainsi, ce sont les éditions londoniennes Georges Allen & Unwin qui auront l’honneur de publier les premiers écrits de Tolkien en 1937, lui permettant de rencontrer un véritable succès, autant critique que commercial. Cela devient finalement le point de départ d’une épopée bien plus vaste. Enthousiasmé par la réussite de cette première œuvre auprès du public, son éditeur réclame très vite une suite. Démarre alors le grand voyage du Seigneur des Anneaux ; une œuvre d’envergure qu’il avait entrepris depuis plusieurs années déjà et qu’il lui faudra dix années pour achever. Entre 1954 et 1955 paraissent les trois opus du Seigneur des anneaux.


Toutefois, la légende prend forme, nous dévoilant la Terre du Milieu telle que nous la connaissons aujourd’hui, peuplée de créatures fantastiques comme les nains, les elfes, les hobbits, les Ents, etc. Il faudra attendre 1969 pour que l’œuvre de Tolkien traverse la Manche et parvienne jusqu’en France sous la forme du Hobbit traduit et publié chez Stock. Que ce soit au Royaume-Uni, aux États-Unis puis dans le reste du monde, le phénomène provoque un engouement général et une véritable passion pour cet univers merveilleux. En l’espace de trois ans, le livre connaîtra vingt rééditions en édition de poche. En dépit de cette célébrité retentissante, la France n’enclenche la machine que très tard et se retrouve en dernier sur la liste à présenter l’œuvre faramineuse de Tolkien. C’est le réalisateur Alain Barroux, dans une émission intitulée « Un livre, des voix » sur France Culture, qui va faire découvrir en 1973 l’œuvre à la France et provoquer une réelle curiosité pour l’univers.


De son côté, l’inspiration de J.R.R. Tolkien ne désemplit pas et il étend la création de son univers à de nouvelles légendes, à des histoires qui permettent d’explorer la genèse de son monde, la mythologie des races et de ses personnages. De cette manière, il poursuit ses travaux au travers de contes, de recueils de poèmes, dont certains n’auront pas forcément de lien avec la Terre du Milieu. D’autres œuvres, plus poétiques, sont publiés à titre posthume par son fils Christopher Tolkien et explorent les différents Âges de la Terre du Milieu, notamment Le Silmarillion (1977) contant les légendes et les récits oubliés de la création du monde et des premiers Âges,  Les Contes et légendes inachevés (1980), Les Enfants de Húrin (2007) ou encore Beren et Lúthien (2017) qui retrace l’histoire d’amour d’un humain Beren Erchamion et de la princesse elfe Lúthien. Des noms qui se retrouveront respectivement sur les tombes de l’auteur et de sa femme, transcendant la mort par cette idylle fantastique.

 

Monolith Productions - Shadow of Mordor, 2014


« Tout étrange que cela paraisse, les choses bonnes à avoir et les jours bons à passer sont tôt racontés et n’offrent pas grand intérêt ; tandis que les choses inconfortablement palpitantes, de nature même à donner le frisson, peuvent faire une bonne histoire et, en tout cas, appellent à la narration. » J.R.R. Tolkien dans Bilbo le Hobbit


Par son œuvre, J.R.R. s’inscrit dans le paysage littéraire comme l’un des pères de l’heroic-fantasy que nous connaissons aujourd’hui et a forgé notre vision d’un imaginaire médiéval où il nous emporte vers des terres de légendes, où le bien et le mal sont en perpétuelles lutte et nous rappelle que, même lorsqu’il semble que les ténèbres fondent sur le monde, « même la plus petite personne peut changer le cours de l’avenir. » 


L’univers a créé un tel enthousiasme que les écrits ont traversé la barrière des ouvrages pour se projeter sur les écrans. En 1978, le film d’animation Le Seigneur des Anneaux voit le jour, combinant dessin animé et prise de vue réelle. S’il n’est pas rentré dans la postérité, cela n’est sûrement pas un mal, ni même les quelques œuvres qui suivirent, jusqu’à ce que 2001 marque l’arrivée au cinéma des adaptations du Seigneur des Anneaux par Peter Jackson. Une création qui a porté avec brio l’œuvre si profonde de son auteur britannique. Bref, soyons honnêtes, un véritable chef d’œuvre aux scènes, aux images et aux acteurs époustouflants, nous faisant voyager au travers de trois films d’exception. Et que dire du travail incroyable de Howard Shore, le compositeur de cette trilogie ? Les mots pourraient nous manquer ! Cependant, c’est bien par ces prouesses techniques et la qualité de sa narration cinématographique que Peter Jackson offre toute sa postérité à l’œuvre de Tolkien et lui permet de la propulser à une célébrité internationale. De là naîtront les nombreux produits dérivés qui s’égarent sur nos étagères, entre anneau unique et Dard, Elendil et autres épées célèbres, sans compter les nombreux jeux vidéo qui nous auront permis de poursuivre l’épopée dans la peau d’Aragorn, Gandalf ou encore Gimli.


Plusieurs années plus tard, en 2012, Hollywood relance la machine de cette grande production en présentant une trilogie pour retracer le récit du Hobbit mais pas uniquement. Peter Jackson, grâce à son adresse cinématographique, sait porter ces trois opus qui savent aussi bien explorer l’histoire de Biblon Sacquet que nous faire entrevoir la menace qui pèse sur la Terre du Milieu, l’avènement secret d’un mage noir connu sous le nom de Sauron. Ces films ne permettent pas uniquement de nous faire affectionner de nouveau un hobbit courageux et de nous faire adorer les nains, mais aussi d’explorer la mythologie de Tolkien, ses territoires mystérieux, ses légendes qui reposent entre les pages des livres. Les aventures du Bilbon peuvent souffrir de quelques ajouts superflus (pardonnez-nous, Legolas et Tauriel, mais vous n’étiez définitivement pas indispensables à l’intrigue…), mais malgré tout, la magie parvient à subsister et le frisson est toujours bien présent, la prouesse technique est inégalable… Peter Jackson sait amener tout l’univers de Tolkien et de la fantasy dans le cinéma en respectant l'œuvre originelle. Alors, pour la série à venir Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir, il est à espérer que la promesse d’une nouvelle légendes incroyables sera au rendez-vous… même si Peter Jackson n’est pas aux commandes.


Dans le temps et au travers du temps, l’œuvre de Tolkien rayonne et transcende les générations. Mais après tout, Bilbon lui-même n’a-t-il pas dit un jour que « les grandes histoires ne se finissent jamais ? »

 

Kattugglan - The Shire, 2018



Les recommandations des Titanides :

Le Silmarillion - J.R.R. Tolkien

Les Contes et Légendes inachevés - J.R.R. Tolkien

Les Enfants de Húrin - J.R.R. Tolkien

Beren et Lúthien - J.R.R Tolkien

Tolkien à 20 ans - Alexandre Sargos

Tolkien - Dome Karukoski (Chernin Entertainment)



Bibliographie :

https://fr.wikipedia.org/wiki/J._R._R._Tolkien

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/annees-70-la-france-decouvre-enfin-l-oeuvre-de-tolkien

https://www.franceculture.fr/litterature/anneau-unique-smaug-terre-du-milieu-comment-tolkien-a-puise-son-inspiration-dans-les-legendes

https://fr.wikipedia.org/wiki/Lai_de_Leithian

Trilogie Le Seigneur des Anneaux, J.R.R. Tolkien

Le Hobbit, J.R.R. Tolkien

Le Silmarillion, J.R.R. Tolkien

Les Contes et Légendes inachevés, J.R.R. Tolkien

Les Enfants de Húrin, J.R.R. Tolkien

Beren et Lúthien, J.R.R Tolkien

Le Seigneur des Anneaux, Ralph Bakshi

La Communauté de l’Anneau, Peter Jackson (New Line Cinema)

Les Deux Tours, Peter Jackson (New Line Cinema)

Le Retour du Roi, Peter Jackson (New Line Cinema)

Le Hobbit : Un voyage inattendu, Peter Jackson (New Line Cinema)

Le Hobbit : La Désolation de Smaug, Peter Jackson (New Line Cinema)

Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées, Peter Jackson (New Line Cinema)



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