Entretien avec Clémentine M. Charles

Bonjour Clémentine, pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?

Anthropologue et historienne des sciences de formation (avec une nette spécialité pour les cultures autochtones des États-Unis), j’adore : les littératures de l’imaginaire, la culture dont je fais mon métier principal, les animaux (mes petits rescapés), les voyages, ma petite routine quand même, discuter à bâtons rompus avec ma chère et tendre, et j’espère vivre encore plein de nouvelles aventures dans les prochaines années ! Comme beaucoup d’autrices et d’auteurs de ma condition, je consomme un poil trop de café, bien qu’il m’arrive parfois de m’aventurer du côté du thé.

 

Comment vous est venu le goût de la lecture et de l’écriture ?

Je crois que j’ai toujours été mordue par le virus de l’écriture (non, je ne vous ferai pas relire mes premiers poèmes et récits !) et, bien sûr, de la lecture. Mais c’est indubitablement un héritage : ma grande sœur, déjà, qui a été l’une de mes premières inspirations ; mes parents, les conteurs de toujours ; et mes grands-parents qui ont cultivé cette passion très tôt. L’art de créer des histoires et de les écouter ensemble, le ciment familial !

 

Y a-t-il une œuvre en particulier qui vous a marquée ?

Il m’est difficile de départager tant il y a des récits qui sont restés fichés jusque dans mon ADN. Et de l’art en général, d’ailleurs, parce que j’arpente les musées depuis toujours, ainsi que les salles obscures. J’écoute énormément de musique ! Un de mes premiers souvenirs d’enfance est par ailleurs sonore : Les Quatre Saisons de Vivaldi, qui m’accompagnent dans tous les méandres de la vie.

 

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de devenir écrivaine ?

Une part de moi l’a toujours souhaité. Mais, curieusement, je m’étais persuadée que ça serait le domaine de ma sœur, pas le mien ! Je pense que ce qui a changé les choses, ça a été lorsque j’ai commencé à partager mes récits à d’autres personnes que ma famille, à partir du collège. Ça a donné une saveur toute nouvelle à ma production littéraire !

 

Vous avez déjà publié dans de nombreux recueils de nouvelles auparavant. Comment se sont déroulées ces expériences éditoriales ?

La publication de nouvelles a été un tournant majeur dans ma vie, ainsi que ma participation aux premiers salons. J’ai alors découvert que l’écriture pouvait se discipliner, évoluer et qu’elle gagnait en profondeur lorsqu’elle se confrontait au regard d’autres auteurs et à celui des éditeurs. Mes débuts ont été timides, très formateurs, et m’ont permis de nouer de solides amitiés littéraires. Ça a aussi été la validation de ce sentiment que l’écriture, passion de toujours, pouvait muer en vocation.

 

La Lune s’en Moque est votre tout premier roman. Comment êtes-vous passée du format de la nouvelle à l’écriture d’un roman complet ? Quelles ont été les nouvelles contraintes ?

En vérité, je n’écrivais que des romans avant la découverte des concours de nouvelles. Le format de la nouvelle m’a donné de la structure, du rythme, et j’ai commencé à affiner mes outils. Le premier format de La Lune s’en Moque a été celui d’une nouvelle. La maison d’édition qui l’avait examinée m’avait alors vivement suggéré d’en dérouler le potentiel sur un plus vaste canevas… et c’est ainsi qu’a mûri le projet. La transformation a été lente, quoiqu’assez naturelle, car il fallait trouver un nouveau rythme qui ne ruine pas la tension narrative du format d’origine. De nouvelles idées ont germé… et La Lune, enfin, était née !

 

Quelles ont été vos inspirations et vos motivations pour l’écriture de La Lune s’en Moque ?

De nombreuses inspirations jalonnent le récit, évidemment. Je venais juste d’entamer la lecture du cycle malazéen de Steven Erikson et d’achever celle des Seigneurs de Bohen d’Estelle Faye lorsque l’idée de croiser un monde de dark fantasy avec l’intrigue d’un polar m’est venue. Je me souviens très précisément du jour où j’ai couché les premiers mots de La Lune. Je travaillais à ce moment-là au musée et flânais au milieu des peintures de la Renaissance, sombres, très évocatrices. Je revenais sans cesse devant deux peintres italiens précis. Et tout à coup, les premiers mots s’étaient couchés sur mon carnet : cet incipit qui n’a pas changé depuis. Do est directement issue de ces déambulations dans les galeries de peintures.

 

Quelles sont vos méthodes d’écriture ? 

J’ai un peu l’âme d’une « jardinière » alors c’est souvent au gré des inspirations. On ne me voit jamais me déplacer sans un carnet, au cas où une idée me tombe sur un coin du museau, et je recopie a posteriori mes scribouilles sur l’ordinateur. Par contre, j’ai appris à me structurer. Lorsque j’écris, je me remémore toujours le point de départ de mes personnages ainsi que leurs objectifs. Je teste régulièrement mes idées en les confrontant à des questions simples : « Pourquoi ? » ; « Comment ? » ; « Par qui ? ». Enfin, je ne me passe plus d’une phase-test cruciale : celle de la bêta-lecture. Ce n’est qu’après de nombreuses relectures que j’estime un texte plus ou moins abouti et que je me décide à soumettre le manuscrit à des regards plus experts.

 


Avez-vous d’autres projets en cours aujourd’hui ? 

Des tonnes ! Et c’est sans compter les projets professionnels et personnels qui s’entrecroisent souvent avec ceux de l’écriture ! Actuellement, deux de mes manuscrits vaquent dans des cheminements éditoriaux respectifs, en space-opera et en fantasy young adult. Une novella va aussi paraître prochainement chez une de mes maisons d’éditions. Je travaille à la rédaction de deux projets principaux ; l’un de Dark Academia qui me trotte en tête depuis un moment. Et un autre, assez ambitieux, de dark fantasy qui devrait être familier aux lecteurs de La Lune

 


Si vous deviez amener un seul livre et un seul jeu vidéo sur une île déserte, lesquels choisiriez-vous ?

Quelle terrible question ! La voix de la raison viserait un manuel de survie et un jeu vidéo du même acabit. La voix du cœur ? Allez, les œuvres de Tolkien (le Silmarillion pour n’en citer qu’une) et en jeu vidéo (rah, vraiment, c’est très difficile !) … Je dirais bien Age of Empires pour avoir enfin le temps de développer mes campagnes mais j’entends déjà les rires sarcastiques de mes proches qui savent TRÈS BIEN que seul un opus de The Elder Scrolls m’accompagnerait dans ma besace.

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